Notice d’Henri Tomasi sur la Ballade pour saxophone et orchestre

 

Composée en 1938, la Ballade fut créee le 25 mars 1939 à Nantes, interprétée par Marcel Mule sous la direction de Marc Vaubourgoin. Elle comporte trois mouvements : andante, gigue, blues. Elle s’inspire librement d’un poème de Suzanne Malard dont voici le texte :

“Sur un vieux thème anglais, long, maigre et flegmatique
Comme lui, Un clown raconte son histoire spleenétique
A la nuit ;
L’ombre de son destin, le long des quais, zigzague,
Et le goût
De mégot qu’en sa bouche ont pris de vieilles blagues
Le rend fou…
Fuir son habit trop large et sa chair monotone
En n’étant,
Entre la joie et la douleur, qu’un saxophone
Hésitant !
Son désespoir au fond d’une mare sonore,
Coule à pic,
Et le clown se résigne à faire rire encore
Le public !”

 

Notice d’Henri Tomasi

“Si le clown est représenté par le mélancolique “thème anglais” de l’introduction, son spleen s’exprime, au saxophone, par une tendre et lyrique mélodie suivie d’une brève digression de caractère tourmenté conduisant au nostalgique retour du thème initial. Puis, soudainement, le soliste entame une danse vive, de type “écossais”, se livrant à des gambades effrenées, interrompues ça et là par de chaleureuses bouffées mélodiques. Les deux maîtres-mots du poème – joie et douleur – constituent en fait l’élément déterminant de la démarche du compositeur, et en organisent le conflictuel contraste, moteur même de l’action. Le désespoir du clown s’exprimera encore en un blues dont le lourd dramatisme est accentué par l’implacable scansion des timbales. Mais ce “désespoir qui tombe à pic” se transmue en une reprise débridée de la danse écossaise, conduisant à une affolante coda.”

Cette ballade donna lieu à une création chorégraphique sous le titre de ” ZIPPY ” au Festival de Bordeaux en mai 1966, d’après un argument de Jacqueline Cartier.

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