Hommage à Henri Tomasi par Marcel Mihalovici

 

 

 

” Combien d’années y a-t-il que j’ai connu HENRI TOMASI ? 48, 50 ans ? Je ne sais plus. Je sais seulement que, tous deux, alors étions étudiants : lui au Conservatoire, moi à la Schola. Nous nous sommes tutoyés dès le premier instant de notre rencontre. J’avais pour TOMASI une vraie amitié et je pense qu’il me la rendait.

C’était un musicien parfait. Un musicien libre, avant tout. Libre, dans le sens le plus noble du mot. Il était libre dans le choix de ses moyens d’expression, et ce, tout en restant fidèle à lui-même, constamment. Mais il n’en demeurait pas moins attentif à toutes les innovations, à toutes les disciplines et techniques que notre temps a suscitées. Il était libre dans ses goûts musicaux, puisqu’il pouvait aimer des musiques et s’intéresser à elles, même si elles débordaient le cadre expressif ou formel qu’il s’était imposé pour dire ce qu’il croyait avoir à dire. Quel est le compositeur qui ne s’enferme pas dans un cadre voulu ? Mais y en a-t-il beaucoup qui, comme TOMASI, ont l’oreille et le regard assez généreux pour admettre l’existence de musiques qui dépassent leurs propres vues esthétiques ?

C’était un musicien qui n’a vécu que pour son art, et l’a servi avec cette passion, cette sincérité, cette honnêteté, et ce talent, dont sont faites les natures de ceux qui, sans le savoir, œuvrent pour la pérennité. “

Marcel Mihalovici

” Guitare et Musique ” n° 65 –  janvier 1971

 

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