L’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille
a un demi-siècle

Concerto pour alto et orchestre

Unité et couleurs à l’Opéra de Marseille
Dirigé par quatre chefs de haut niveau, l’Orchestre philharmonique de l’Opéra, qui fêtait ses 50 ans, s’est taillé un beau succès samedi dans un programme Berlioz, Tomasi, Debussy et Bizet.

Gisèle LAVAL- LA MARSEILLAISE – 14 janvier 2015

Pour fêter ses 50 ans, l’orchestre philharmonique de l’Opéra de Marseille, en plein essor, proposait samedi un programme Berlioz, Tomasi, Debussy et Bizet, emmené par les chefs Lawrence Foster, Michael Schonwandt, Pinchas Steinberg et Serge Baudo. Un programme très bien choisi, à la fois « grand public » et de qualité, joué par un Orchestre Philharmonique de Marseille brillant, dirigé par quatre chefs de haut niveau pour fêter ses 50 ans : les auditeurs qui se pressaient samedi dans l’Opéra de Marseille en sont ressortis enchantés. D’autant que la semaine qui s’achevait avait été particulièrement noire et que salle et scène avaient commencé la soirée par un hommage ému aux récents événements.

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Une création à Marseille venait s’ajouter au programme, ce samedi, celle du magnifique Concerto pour alto et orchestre d’Henri Tomasi, dirigé également par le directeur musical de l’Orchestre. Œuvre humaniste, ample et profonde, violente et tendre, qui évoque parfois les réflexions grinçantes de Chostakovitch, elle a trouvé avec la soliste Magali Demesse, alto solo du philharmonique, une superbe interprète qui a décelé toutes les nuances et y a mis toute sa fougue et son riche tempérament.

Tout en sachant s’adapter à ses différents chefs, l’orchestre dans son ensemble a montré de belles qualités d’unité et de couleurs tout au long de la soirée.


Au lendemain des drames parisiens l’Orchestre Philharmonique de Marseille célèbre son cinquantenaire

Jacques FRESCHEL – ZIBELINE – 10 janvier 2015

(…) L’Opéra est comble du parterre aux balcons ! Si les cœurs sont meurtris, les têtes troublées, on détecte à l’entrée des artistes un mouvement, une émotion commune qui, dans la foulée des mots de Lawrence Foster, initie vaille que vaille un esprit de fête. « C’est dans ces moments que la musique est plus que jamais essentielle » déclare le directeur musical de la phalange phocéenne… Les musiciens se lèvent, slogan en main : « NOUS SOMMES CHARLIE » lit-on sous les applaudissements de la salle.

C’est à l’aune de cet élan fraternel que débute la soirée…

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Magali Demesse transcende l’alto de Tomasi !

Au cœur du programme on attendait un événement : la re-création du Concerto pour alto d’Henri Tomasi, musicien né à Marseille et dont l’œuvre ne cesse, à juste titre, de trouver la place qu’elle mérite à l’affiche des concerts. De fait, à l’écoute de cet opus créé en 1951 (et plus jamais joué depuis!) surgit une évidence : comment les altistes, solistes virtuoses qui parcourent le monde depuis l’envol de l’instrument initié par Yuri Bashmet, peuvent-ils se passer de cette œuvre majeure du répertoire, tant sur le plan technique qu’expressif ?

Il aura fallu attendre qu’un petit bout de femme, explosion de talent, déboule sur la scène de la Place Reyer pour en révéler l’importance ! Magali Demesse est sortie avec classe de son premier rang d’alto solo de l’Orchestre municipal (elle y brille d’un éclat si singulier qu’on le remarque d’emblée!), pour gagner le devant du plateau. Quel pari réussi… et quel magnifique travail accompli ! La musicienne livre l’ample partition à la salle, par cœur, et allie la perfection technique d’un opus très exigeant à une puissance expressive rare. L’archet virevolte et l’altiste (une vraie grande soliste !) donne vie à l’œuvre, danse avec l’orchestre dans un dialogue imaginatif et coloré, avec hauteur de vue et sensualité. C’est superbe… et c’est un triomphe !

De quoi donner l’idée aux maisons de concerts d’afficher enfin cet ouvrage ?


L’Orchestre philharmonique de l’Opéra fêtait ses 50 ans…

Benito PELEGRIN – LES CHRONIQUES…  – 30 janvier 2015

(…) Lawrence Foster, en maître de cérémonie, s’était réservé la direction du Concerto pour alto et orchestre d’Henri Tomasi (1901-1971), l’un des grands compositeurs français du XXe siècle, le grand compositeur marseillais qui n’est pas un inconnu dans ces colonnes, car je lui ai consacré nombre de pages que l’on peut retrouver ici. Composé en 1950, créé en 1951, jamais réentendu depuis, la recréation, en fait, était une véritable création, consacrée par sa diffusion par France-Musique. Autant que l’on puisse parler sérieusement d’une œuvre en première écoute où l’émotion qu’elle dégage n’engage pas forcément la réflexion de l’écoute mais le réflexe émotionnel, je dirais, laissant parler le sentiment, sans doute aiguisé par cette soirée spécialement émue, et par la connaissance, même modeste, du compositeur pacifiste, que cette œuvre de l’immédiate après-guerre est loin d’en tirer le rideau. Au contraire, elle semble en ouvrir le rideau de scène comme une ouverture tragique, théâtrale, de la tragédie humaine par des couleurs sombres et les déchirements larges comme des blessures de l’alto que la passion de Magali Demesse, soliste extraordinaire, semble autant traduire par la chaleur, la largeur, l’ampleur de ses coups d’archets, de la plainte piano frôlant le silence au forte vibrant, que par l’engagement physique de son corps tendu qui est aussi expression de la musique vécue dans la chair. La solitude de l’instrument comme une interrogation, une prière semble attendre, espérer une réponse de la transcendance de l’orchestre, une solidarité qui soudain l’enveloppe généreusement a tutti ou, parfois, l’abandonne dans une brisure du « concertino », des éclats d’harmonies explosées dans les divers pupitres, la ligne soliste tentant de reconstruire un sens : dans l’angoissante plaine du désenchantement ou du désespoir, l’alto semble se lancer dans une course à l’abîme vers un horizon qui toujours lui échappe dans l’affolement de petits motifs brefs et brisés, lancinants, oppressants, potentiellement infinis. Pauvres métaphores sans doute pour dire, en peu, le beaucoup que suscite cette œuvre singulière dans cette exceptionnelle interprétation d’une soliste engagée dirait-on corps et âme et d’un chef généreux dans sa liberté attentive. (…)


50e anniversaire de l’Orchestre Philharmonique de Marseille : une soirée si belle et si particulière à l’Opéra…

Michel EGEA – DESTIMED (Journal d’information numérique) – 11 janvier 2015

(…) En 1965, l’Orchestre de l’Opéra de Marseille succédait à l’orchestre régional de l’ORTF qui venait d’être dissout. Une nouvelle phalange musicale née de l’unique volonté de la ville de Marseille. Et le mariage d’amour dure depuis 50 ans. L’an dernier, sous la houlette de son directeur musical Lawrence Foster, l’Orchestre Philharmonique de Marseille s’est exporté pour la première fois de son histoire. Et a fait briller ses qualités, ainsi que les couleurs phocéennes, en Allemagne et en Chine. Samedi soir, pour l’anniversaire, Lawrence Foster avait tenu à partager la baguette avec trois autres chefs d’orchestre. Serge Baudo, qui fut l’un de ceux qui ont accompagné la naissance de l’orchestre philharmonique de Marseille en 1965, Michael Schonwand, et Pinchas Steinberg, plusieurs fois invité à Marseille et qui affectionne particulièrement l’orchestre, ce que les musiciens lui rendent bien en étant particulièrement heureux de travailler avec lui. (…)

Pour suivre, Lawrence Foster avait choisi de diriger le concerto pour alto et orchestre de Henri Tomasi. En soliste, Magali Demesse, alto solo depuis 1994 du philharmonique de Marseille. Une interprétation qui marquait la création, à Marseille, de cette œuvre composée en 1950 par Tomasi. Une découverte, donc, pour nombre d’auditeurs qui ont bénéficié d’une interprétation remarquable de la partition. Il faut dire que Lawrence Foster affectionne tout particulièrement cette musique et qu’il lui a procuré par sa lecture la puissance, le volume, mais aussi le soin permanent des détails avec la complicité de l’orchestre très attentif et d’une précision de tous les instants. Puis, il y a eu, en ce samedi soir, la prestation de Magali Demesse. L’altiste, dont on connaît l’engagement dans son art, a donné toute sa chair, toute sa vie à ce concerto qu’elle joue comme possédée par la partition. Un grand moment de musique pour cet anniversaire. (…)

 

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